Réunis dans le cadre d’une Master Class organisée par l’EEMI, Jacques-Antoine Granjon et Marc Simoncini ont longuement discuté avec les étudiants du mastère Entrepreneuriat et expertise digitale. Les fondateurs de Veepee (ex vente-privee.com) et de Meetic ont partagé leur expérience et leur vision de l’innovation en entreprise.
« Les innovations stratégiques des entreprises du digital. » Tel était le fil conducteur de la Master Class organisée le 15 janvier 2019 par l’Ecole Européenne des Métiers de l’Internet (EEMI). Animée par Olivier Borck, professeur agrégé d’économie-gestion et responsable du mastère, cette conférence regroupait l’ensemble des étudiants de 1ère et 2ème année du cursus Entrepreneuriat et expertise digitale lancé en 2017 par l’EEMI. Face à l’auditoire, deux des trois co-fondateurs de l’EEMI : Jacques-Antoine Granjon et Marc Simoncini.
En introduction, les deux dirigeants français posent leur diagnostic sur la rapidité d’évolution des entreprises du numérique. Selon Marc Simoncini, « l’industrie du numérique, qui a presque 20 ans, croît étonnement selon un rythme normé, avec une évolution technologique majeure tous les deux ou trois ans ». Le fondateur du site de rencontre Meetic puis de l’opticien en ligne Sensee, constate que des évolutions de rupture émergent régulièrement et « viennent ouvrir de nouveaux champs d’activité dans les industries et les révolutionnent horizontalement ou verticalement. » Il cite des domaines de recherche disruptifs comme le big data, l’intelligence artificielle ou encore la blockchain.
Jacques-Antoine Granjon confirme ce constat et explique comment l’arrivée du digital a transformé son métier, de grossiste en vêtements jusqu’en 2001 à la création du site internet vente-privee.com (devenu officiellement Veepee le 24 janvier 2019). Il tient cependant à tempérer les idées-reçues sur le processus idéatif et l’apparition des innovations. « L’homme a déjà tout inventé depuis des millénaires, dans les rapports humains, le besoin de voyager, de se rencontrer, de s’aimer, de se nourrir, de se cultiver, de rire, de se distraire, expose-t-il. La révolution digitale permet d’améliorer les processus, d’aller plus dans les détails, de simplifier la vie. Mais les besoins primaires ont toujours été là. L’innovation ce n’est pas que des trucs de dingue au CES (Consumer Electronics Show, ou CES, salon de l’innovation technologique organisé à Las Vegas avec une forte présence de la French Tech, ndlr), c’est avant tout très pragmatique. » Un propos validé par Marc Simoncini, qui assure que « le bon sens est une ressource rare »
« Les start-ups ont un potentiel de passion énorme »
Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon prennent ainsi la parole à tour de rôle pendant plus d’une heure, enchaînant les retours d’expérience et les constats. Ils s’accordent à dire qu’il faut prendre garde aux effets d’annonce et aux exagérations du marketing, que l’innovation doit avant tout servir à améliorer le quotidien, les outils internes à l’entreprise ou les services proposés.
Ils s’épanchent également sur l’écosystème des start-ups, dont ils participent régulièrement à financer les projets, avec ses difficultés et ses qualités inhérentes. « Les start-ups doivent recruter très vite des profils pointus avec des compétences rares, indique Marc Simoncini. Il peut alors être difficile de recruter des jeunes ayant envie de travailler dans des entreprises comme Facebook ou Free. Mais les startups qui se lancent disposent d’un atout de taille : elles ont un potentiel de passion énorme. De nombreuses grandes entreprises ont en revanche perdu leur pouvoir d’attractivité auprès des jeunes diplômés. » L’ancien dirigeant de Meetic cite des noms de société du CAC 40 dans la finance et les assurances qui, si elles proposent des salaires importants, peuvent passer à côté de profils recherchés à cause de circuits de recrutement RH souvent trop formels et dépassés, couplés à une offre de métiers qui ne répond plus à la quête de sens des jeunes générations.
Vient enfin la session des questions-réponses avec les étudiants de l’EEMI ; tout le monde est libre de poser une ou plusieurs questions sur n’importe quel sujet, même personnel. Les deux invités prennent le temps de répondre (jusqu’à vingt minutes par question pour Jacques-Antoine Granjon), à grand renfort d’anecdotes. Un échange qui se poursuit même après la clôture officielle de la Master Class, des étudiants n’hésitant pas à discuter avec le fondateur de Veepee en « off », dans les allées de l’auditorium.
Au cours des prochaines semaines, les étudiants – et futurs entrepreneurs – s’attèleront à un workshop également centré sur les innovations stratégiques des entreprises du numérique, avec l’étude de cas concrets pour allier théorie et pratique.
Article écrit par Matthew Perget, étudiant en 2ème année du Master Entrepreneuriat Expertise Digitale.
Retrouvez le #BestOf de cette MasterClass par Boris Aptekman